Jamais trop tard pour être heureux
J'arrive sur la pointe des pieds. Raconter l'histoire d'un chien à qui le maître coupe la queue, pas banal. Cela passe ou ça casse, c'est le cas de le dire. La couverture de "Chien fou" regardant par-dessus la palissade attire. Première question "Qui a un chien?" Une réponse me glace la voix: "Mon grand-père a un chien mais on l'a piqué. Maintenant il est là-haut, chez Saint-Nicolas", lance un gamin sans frémir. Bien fait pour moi.Au milieu de nulle part, se dressait une ferme. Y vivaient un vieux chien et un chiot un peu fou, du genre s'amuser beaucoup en courant après sa queue. De quoi énerver son maître qui décide de lui couper la queue et jeter celle-ci dans un sac, au fond du puits.
Les larmes "poivre et sel", le trognon de queue tout rouge de Chien Fou font de l'effet. Je vois des petites mines s'allonger, des mains tortiller un bout de pull... J'accélère la course du chien à travers champs pour retrouver le puits, et sa queue en plumeau. Les illustrations de Sébastien Chebret compensent la dureté du texte de Zidrou: la mer, les prairies, le vent dans les arbres, le sentiment d'une course éperdue pour retrouver le bonheur font mouche. On détaille toutes les mimiques de ce drôle de chien qui court toujours après sa queue.
Tout finit bien, soupirs de soulagement à l'appui: Chien Fou rentre à la ferme, se couche près du vieux chien qui, surpris, sent son petit bout de queue frétiller. Il n'est jamais trop tard pour être heureux.
D.L.
Alice Editions, dès 5 ans.
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